Courent les temps, courent les hommes, à chacun son destin et rendez-vous au bout du monde… Le chevalier Guilhem d’Encausse, lourd des secrets du Temple, meurtri dans son coeur et dans son corps, part user ses péchés et ses questions sur le vieux chemin de Compostelle, Tohu-bohu des foules et des jours, rencontres, dangers, éblouissements. Au commencement de ce formidable XIIIe siècle, tout pousse au départ: l’ambition et l’impatience autant que l’inquiétude de vivre. Et courent les marchands d’une foire à l’autre, les chevaliers d’une bataille à un tournoi, les diplomates de Rome à Londres et à Paris. Courent les croisés d’Occident pour arrêter sous Tolède les bataillons de l’Emir Vert, courent les croisés de France pour piller le Midi et brûler les Cathares. Ils ravagent l’Occitanie comme on abat un arbre pour en chasser un chat.
Et Jérusalem ? demandent les enfants et les pauvres. Oubliez-vous Jérusalem ? Alors se lève du tréfonds du pays la plus incroyable armée. l’inexplicable surgi de milliers et de millions d’enfants qui se jettent en chemin pour délivrer la Terre Promise. Audilenz est parmi eux. Elle a dix ans et sait que la mer s’ouvrira devant leur foule. Pendant ce temps, Philippe Auguste doit faire face à la coalition des Anglais, des Allemands et des Flamands. Le sort de la France va se jouer en une bataille, par un beau dimannche de juillet, près d’un hameau nommé Bouvines. Tumulte et poussière, gloire enfin. A cette heure-là, Guilhem d’Encausse approche de Saint-Jacques. Il voit déjà dans le lointain les tours de la cathédrale. Le grand chemin des espérants s’arrête là où le soleil chaque jour s’enfonce dans la mer – au bout du monde.